Deïneka et Guerassimov.

Lénine à la tribune ( Guerassimov 1930)
Le portrait de Vorochilov en 1928 avait permis à Gurassimov d'être reconnu, Il entreprend alors une série de portraits des leaders, celui-ci est le plus célèbre, il a été reproduit à des millions d’exemplaires. 
Artistes dans la datcha de Staline ( Guerassimov 1951)
L’événement à vraiment eu lieu en 1933, les artistes sont: Isaac Brodsky, Yevgeny Katsman et Alexandre Guerasimov ( celui qui ne lâche pas son crayon). Tout ce petit monde s'est concerté pour que l'art devienne plus "réaliste". Le réalisme socialiste ne sera défini qu'en 1934 et Guerasimov deviendra président du comité d'organisation de l'Union des peintres soviétiques.
Mitchourine.
Ce portrait bucolique a en fait un but politique car Mitchourine était un jardinier dont se réclamera Lyssenko.
On créera une biologie soviétique montrant la stupidité des  mendelo_morganiens : le milieu transforme l'individu et l'hérédité ne le détermine pas 
Après la pluie( Guerassimov 1935).
Guerassimov se délassait de son travail de peintre officiel en peignant la nature et des fleurs 
La ballerine Olga Lepeshinskaya (Guerassimov 1939)
Ce spécialiste des portraits des grands leaders s'attaque ici à une danseuse célèbre 
La célébration du 25e anniversaire de la révolution d'Octobre ( Guerassimov 1942).
Cette toile majestueuse représente un événement qui n'a pas eu lieu.
En pleine guerre Staline préféra célébrer l'anniversaire au Kremlin avec ses intimes.
Danses polovstiennes (Guerassimov 1950)
Tableau très "moderne" pour Guerassimov peint pour un film.
Il illustrera "Tarass Boulba" en 1952
La construction des nouveaux ateliers  (Deineka 1926)
Monumental et dynamique.
La défense de Petrograd (Deineka 1928)
Dans le Donbass (Deineka 1925)
Illustration pour la  revue "A la machine", il collabora aussi à "L'homme sans dieu", "Projecteur", "Niva rouge" et illustra des livre dont "le feu" de Barbusse.
Dans le Donbass ( Deineka 1947)
En rapprochant avec le tableau ci-dessus on mesure l'évolution de l'art soviétique autant que celle de l'artiste.
La Kolkhozienne à bicyclette (Deineka 1935)
Comme beaucoup de peintres Deineka aime représenter des routes.
Une nuit à Rome ( Deineka 1935).
Jusqu’en 1936 Deineka pourra voyager en Occident, il se rendra au Etats Unis, en France et en Italie 
Les garçons sortant de l'eau (Deineka 1930).
Réalisée un peu plus tard cela aurait surement valu au peintre d'être condamné pour apologie de l'homosexualité
La mère (Deineka 1932)
Peinture emblématique de la "nouvelle manière" du peintre 
Mosaïque pour la station Malakovskaya sur le thème "un jour dans le ciel soviétique"
Mosaïque pour le métro ( Deineka 1935).
Comme dans beaucoup d’œuvres de l'époque l'avion est omniprésent. Voir par exemple: "aviation civile", "futurs pilotes", "notre aviation"
Le raid URSS Amérique en passant par le pôle aura eu un retentissement considérable en 1937
Ces deux artistes sont rangés dans la catégorie maudite du " réalisme socialiste" ,  la pire façon dont un artiste peut se soumettre à une idéologie.
La notion de réalisme socialisme est définie  par Jdanov dans son discours d' août  1934 pour la littérature, elle va ensuite  s'étendre à tous les arts.
Elle s'inspire du mouvement du XIX e siècle des "Ambulants". Ceux-ci prônait la peinture réaliste d'histoire.
On va remplacer le réalisme par l'optimisme, la peinture servira à exalter les leaders et à montrer combien l'avenir est radieux. 
Le réalisme socialiste  est parodié aujourd'hui par des peintres russes  comme Doubossarski et Vinogradov

La servilité vis à vis du régime de Guerassimov ne fait guère de doute mais  Deinaka me semble avoir toute sa vie désespérément essayé de contourner les règles tout en étant fidèle à un idéal socialiste.

Alexandre Guerassimov

De nos jours  il n'a droit dans Wikipedia qu'à un article mal traduit de l'anglais, ce fut cependant le chef incontesté de la peinture soviétique de la période Stalinienne.

Il fut de 1934 à 1954 président du comité d'organisation de l'Union des peintres soviétiques (organe qui supprima toutes les associations artistiques qui l'avait précédées), président de l'académie des Beaux Arts de 1947 à 1957 et 4 fois prix Staline.

Il est né en 1881, son père était marchand de bestiaux, il étudie à Moscou auprès de maîtres respectables, est mobilisé, puis  rentre dans sa ville natale   de Kozlov ou il s'occupe de décors de théâtre et vient à Moscou en 1925 où il adhère à L'Association des peintres de la Russie révolutionnaire qui s'inspirait de la tradition des "Ambulants". Gurassimov n'a donc jamais eu de tentation vers de nouvelles formes d'art qui fleurissait alors.
Il s'attire les bonnes grâces de Vorochilov en faisant son portait en 1927.
Dés lors il va s'attaquer aux portraits des leaders. "Lénine à la tribune" ( 1930) puis "Staline au XVI e congres" ( 1933), "Staline et Vorochilov au Kremlin" (1938).
Ce dernier tableau lui vaudra son premier prix Staline, le second sera pour "L’hymne à Octobre" en 1943, puis "portraits de groupe des artistes soviétique"s et enfin "Staline près du cercueil de Jdanov" (1949)
Les tableaux de Guerassimov connaissaient une diffusion massive de reproductions ou de cartes postales.
Il peint les fresques et le plafond du théâtre de l'armée rouge de Moscou en 1940.
Durant la guerre, il s'éloigne prudemment du front mais se distingue  en peignant "Staline au 25e anniversaire de la révolution d'Octobre au Bolchoï" (Hymne à octobre). Ce tableau représente un événement grandiose qui n'a jamais eut lieu. Staline était bien à Moscou le 6 novembre 1942  mais il se contenta, par peur d'un coup d'état, d'une célébration discrète au Kremlin avec quelques intimes.

Guerassimov  fera tout de même des œuvres moins politiquement correctes avec "Après la pluie" (1935), le portrait de la ballerine Olga Lechechinskaïa (1939). Ces deux tableaux montrent le peintre "bourgeois" qu'il aurait pu être sous d'autres cieux.  

Son étoile pâlira après la mort de Staline et l'ascension de Khrouchtchev. Il s'éteindra,déjà oublié,  en 1963 

Alexandre Deïneka

Né en 1889 dans une famille de cheminots il étudie à Kharkov et s'engage dans l'armée rouge.
Il fréquente ensuite les ateliers d'art et technique nouvellement créés où il rencontre Favorski et Maïakovski.
Il fut un des créateurs de  l'association des peintres de la Russie révolutionnaire et réalise des affiches de propagande, des illustrations pour des revues  et des peintures sur deux thèmes principaux : la guerre et le travail.  Citons: dans le Donbass (1925) ,la construction d'une usine (1926) ou  "la défense de Petrograd"(1928).
Après 1930 son style évolue vers plus de réalisme, Il s'intéresse surtout au corps, "la mère" (1932),  peint des nus  comme "garçons sortant de l'eau" (1930) ou "jeunes filles courant"( 1941) ou des images sportives comme "gardien de but"( 1934).
Comme bon nombre de russes de l'époque il s’intéresse à l’aviation "parachutistes sur la mer" (1934)
Il dessine des croquis pour des panneaux du  pavillon de l'URSS  à l'exposition de 1937, il doit aller à  à Paris mais son visa est refusé et peu après une campagne de la Pravda l'accuse de formalisme.
Heureusement pour lui la guerre arrête la répression  et il part sur le front pour réaliser des croquis qui n'ont rien d'optimistes, il réalise aussi des peintures comme "banlieue de Moscou"(1941), "le village brûlé"(1942), "la mort d'un as " (1943).
Sous l’ère Khrouchtchev il est récompensé pour les joueurs de hockey (1960). Sa peinture rappelle alors  celle des peintre français "classiques" de l'entre deux guerre mais avec essentiellement des sujets sportifs.
A coté de la peinture il réalisera des mosaïques pour le métro de Moscou (1935) ou pour le palais des congrès du Kremlin (1960)
Il décédera à 70 ans en 1969



Au XIX e siècle Guerassimov aurait été l'un des « chers  maîtres », décoré, contrôlant l’école des Beaux-Arts et exécutant des portraits pour les gens fortunés. Le contexte était hélas tout différent et Guerassimov ne s’est pas contenté de mépriser les artistes non-conformistes : il a contribué à leur élimination physique.
Khrouchtchev  n’était pas plus que Staline partisan de l’avant-garde.   Relativement tolérant au début il finira en 64 à l’issue d’une exposition par s’élever contre les « pédérastes «  en peinture. Guerassimov était cependant trop lié à l’image de Staline pour qu’on lui accorde une place quelconque  dans une période de déstalinisation.


Deinaka était un authentique artiste d’avant garde ayant un grand sens du mouvement et de la composition. Sa « nouvelle manière »  réaliste après 1930 est-elle due  à une évolution de l’artiste ou à celle du régime ? En tout cas Deineka s’est alors consacré à la représentation  du sport et à l’exaltation du corps. L’exaltation d’un corps est individualiste, la représentation d’un mouvement de masse est socialiste.  La peinture de Deineka est proche de celle qu’effectuait les artistes nazis  pour lesquels l’exaltation du corps était parfaitement dans « la ligne » . Juste avant-guerre  Deineka a subi des critiques qui resteront sans conséquences graves  car le conflit entraîna une pause dans la répression en  mobilisant  positivement toutes les énergies.   Il retrouve dans ses croquis  de guerre un peu de son mordant d’autrefois. Deineka continuera à prospérer sous Khrouchtchev , sa forme de peinture, alors très classique,  était compatible avec le régime 

Sites et références

Le modèle (Deineka 1936)
Peinture d'un classicisme extrême
Gardien de but (Deineka 1934) Deineka peindra son symétrique féminin (une sauteuse à la perche) en 1961
Filles à la course ( Deineka 1941)
Après le combat ( Deineka 1942)
Autoportrait (Deineka 1948)
Certains disent que l'artiste ( et boxeur) voulait indiquer qu"il était toujours debout malgré les critiques.
Croquis de guerre (Deineka 1942)
Ce croquis n'a vraiment rien de l'optimisme obligé de l'art soviétique

Banlieue de Moscou ( Deineka 1942)
La bataille de Sébastopol ( Deineka 1942)
Le lyrisme du tableau contraste étrangement avec le réalisme du précédent: il s'agit d'un tableau utilisable par le régime.
La chute de l'as ( Deineka 1943)
C'est certes la chute d'un ennemi  mais c'est plutôt la chute d'Icare.