L'achèvement de la cathédrale de Cologne et le pont du chemin de fer au XIXe siècle


La cathédrale et le pont
Plan du XVI e siècle
La cathédrale en 1800
La grue du XV e siècle  de la tour Sud
La base est couverte d'ardoises
Gravure du recueil de Sulpice Boisserée montrant la cathédrale telle qu'elle serait achevée 
Gravure de la nef si elle était construite 
La cérémonie de la première pierre en 1842.
Le roi, la reine et le prince de Prusse sont présents ainsi que l'archiduc Jean d'Autriche, le prince royal de Bavière, le prince Georges de Cambridge,...
Le chantier vers 1855
La cathédrale vers 1860
L’achèvement des tours
La cathédrale achevée avec la gare centrale derrière
Le pont de bateaux toujours présent vers 1900
Le pont de la cathédrale (Dombrücke ou Festbrücke). Il comportait à l'origine un pont tournant coté Cologne imposé par les militaires pour couper la circulation en cas de guerre.
Une cathédrale imaginaire de Karl Fiedrich Schinkel
Si l'architecte construit les musées de Berlin sous forme de temples grecs, il écrira des rapports sur la cathédrale de Cologne et évoluera vers un style néoromantique.

Une cathédrale gothique par Viollet le Duc.
L’intérêt pour le moyen age, méprisé dans les siècles précédents, est très vif au XIX e siècle. 

La photo emblématique de Cologne est celle de sa cathédrale avec en premier plan  un pont de chemin de fer. 
Au XIX  e siècle l’achèvement de la cathédrale sera le symbole  de l'unité allemande retrouvée, et la construction du pont  celui, du renouveau, de la modernité d'une ville qui  était en déclin.


Au début du XIX e siècle Cologne est encore une ville enserrée dans ses remparts, reliée à la ville de Deutz,  sur la rive droite du Rhin par un pont de bateaux. Sa cathédrale est inachevée, il n'existe que son chœur, et elle a pas mal souffert des guerres révolutionnaires puis napoléoniennes. Ses rues "sont étroites et sombres, ses maisons dans le style gothique, construites, les unes en brique, les autres en bois et le plus petit nombre en pierre, lui donne un aspect désagréable".
Il y  a 60 000 habitants. Au Moyen Age Cologne était florissante car au carrefour de routes naturelles terrestres, c'était l’entrepôt pour le commerce avec l'Angleterre, les Pays Bas et les pays Rhénans. L'apparition de voies maritimes concurrentes entraîna son déclin. La ville était aussi une "Rome allemande" avec de nombreux pèlerins venus visiter les tombeaux des rois mages. Elle ne pouvait tolérer des protestants et leur expulsion  porta un coup fatal au commerce.
L'industrie est celle des étoffes de laine, des rubans des faïences et des distilleries "d'eau de Cologne", inventée par Jean Marie Farina au XVII e siècle, Elle tire surtout sa richesse de son port sur le Rhin qui reste actif.

A la fin du XIX e siècle, les remparts sont toujours là mais la cathédrale est achevée et les vieilles maisons  commencent à disparaître. Le chemin de fer s'est installé petit à petit et maintenant c'est le carrefour de plusieurs lignes avec  une gare centrale près de la cathédrale et un pont portant une route et des voies ferrées sur le Rhin.
C'est une ville industrielle de près de 150 000 habitants, son port a perdu un peu de son importance mais les bateaux sont à vapeur. Les activités principales sont  les étoffes de soie et de coton  qui occupent plus de 1000 ouvriers et  la fabrication de machines à Bayenthal qui emploie plus de 500 ouvriers.
Il y a toujours  l'eau de Cologne dont plus de 20 maisons portent  le nom de Farina. C'est un produit assez cher : la maison Zanoli, dans la Hoch Strasse, vend la caisse de 6 flacons 2th 6sgr

La cathédrale 

La projet de la cathédrale date de 1247, il est confié au maître maçon Gehrard qui va en dessiner les plans complets. Le chantier s’arrêtera en 1560. La cathédrale est au début du XIX e siècle sans nef et sans façade Seule la tour Sud de la façade a été à moitié  élevée et sa  grue du XV e siècle  est toujours en place, l'emplacement de la nef est occupé par des maisons.
Les troupes révolutionnaires envahissent Cologne en 1794, la cathédrale est utilisée comme écurie et comme prison pour les prisonniers de guerre. Une partie de la toiture en plomb est enlevée ainsi que les statues de bronze, les prisonniers brûlent le mobilier  pour se chauffer. En 1801, à la suite du Concordat,  l'église  est rendue, en triste état, au culte mais Cologne n'est plus évêché et  dépend de l’archevêque de Mayence.

Sulpice Boisserée et ses frères sont des collectionneurs qui s'intéressent à la cathédrale. Sulpice ramène de Paris le plan de la tour Sud, Georg Moller retrouve à Darmstadt le plan de la tour Nord.  L'écrivain Joseph Görres lance un appel en 1814 pour l’achèvement d'une cathédrale qui serait le symbole de la fidélité au passé et cimenterait la conscience nationale. La défaite de Napoléon redonne de la vigueur au projet, Cologne devient prussienne par la grâce du congrès de Vienne en 1815. On compte sur l'appui du prince héritier de Prusse et on songe à taxer toute l'Allemagne ou à établir une société chargée de collecter les fonds. L’archevêché de Cologne est rétabli à la suite d'un accord entre le roi de Prusse et le Saint Siège
Sulpice entreprend . une édition luxueuse et précise de plans de la cathédrale. Il fait mesurer les dimensions par des spécialistes, fait réaliser les plans par des dessinateurs d'architectures comme Domenico Quaglio, le Jeune, Fuchs et surtout l'architecte Georg Moller qui propose deux reconstitution idéales de l'édifice.  Les planches sont réalisées par des graveurs célèbres, comme Duttenhofer (de), Christian Haldenwang (de). Les premières feuilles ne paraissent qu'en 1822. Elles comportent une vue extérieure spectaculaire de la façade de l'édifice avec deux flèches ajourées qui s’élèveraient à 160 m et une reconstitution du transept jamais commencé. Ces dessins, propres à exciter l'imagination, sont proches des cathédrales imaginaires de Schinkel mais représentent un essai minutieux de reconstitution à partir des plans  retrouvés. On pense que l'état de l'édifice, malgré sa durée de construction, représente la réalisation partielle des plans initiaux de maître Gerhard. Cette hypothèse est soutenue par Christian Ludewig Von Stieglitz qui regrette en 1820 dans Von altdeutscher Baukunst (de l'ancienne architecture allemande) l’inachèvement de la cathédrale.
L'atelier de construction de la cathédrale est reconstitué en 1823 et s’emploie a restaurer le chœur.

  La collection entière de dessins de Sulpice Boisserée,composée de 18 folios en très grand format, est achevée en 1831. En 1842 paraît une deuxième édition, en « format royal » de 480 × 650 mm.
Le 4 septembre 1842, l’évêque de Cologne pose la première pierre d'un chantier abandonné depuis 6 siècles et une seconde pour la tour Nord dont la construction s'était interrompue il y a 4 siècles. Le chantier bénéficie du patronage et de l'appui financier  de Frédéric Guillaume IV, roi de Prusse protestant mais romantique et libéral.
On avait pensé un temps, faute de moyens, substituer le fer à la pierre et supprimer l'ornementation mais l’architecte Ernst Zwirner, nommé en 1833, a bataillé pour que le plan initial soit respecté. On créé la Zentral Dombau Verein, société chargée de collecter les fonds qui récoltera 60% des vingt millions nécessaires, le reste étant payé par le roi.

Les deux tours ont été achevées dans les années 1860 et 1870. L'atelier de la cathédrale, qui employait plus de 500 personnes à l'époque, utilisait une technologie de construction de pointe, telle qu'un système  sur rail pour le treuillage des charges sur le chantier de construction ou l'utilisation de moteurs à vapeur. Lorsque la cathédrale fut finalement achevée en 1880, ses deux tours atteignaient 157 mètres de haut, ce qui en faisait le plus haut bâtiment du monde alors  que les architectes avaient simplement respecté le plan médiéval de la cathédrale.
Le 15 octobre 1880 Guillaume 1er fait célébrer la fin du chantier, symbole de l'unité de l'empire allemand (qui n'a alors que 9 ans). Les flèches ne sont cependant pas complètement achevées et les échafaudages seront  démontés en 1881

La cathédrale sera sérieusement endommagée par les bombardements de la seconde guerre mondiale. Elle est aujourd'hui restaurée mais Cologne, reconstruite, n'a plus rien d'une ville du Moyen Age et la cathédrale semble étrangère à son environnement.

Le chemin de fer 

La compagnie des chemins de fer Rhénans (RhE) obtint la concession de la ligne de Cologne à Aix la chapelle en 1837. la ligne atteignait Aix en 1841. Son terminus était à Cologne au bord du Rhin près de la cathédrale (gare du Rhin), une gare de marchandise est construite à l'extérieur des remparts.
La compagnie Bonn Cologne (BCE) construisit  sa ligne de 1842 à 1844. A Cologne le terminus était à Saint Pantaléon à l'Ouest
La compagnie de Cologne à Minden ( CME) obtint la concession du chemin de fer de Cologne à Duisbourg en 1843. Dés 1845 le chemin de fer était ouvert entre  Deutz  et Düsseldorf, il atteignit Duisbourg en 1846 et Minden en 1847
En 1855 la compagnie Cöln Clefeld (CCE) construit la section Cologne Cléves . La compagnie est rachetée par la RhE qui prolongera la ligne jusqu'aux Pays Bas. 
En 1855 il y a donc deux  terminus dans Cologne (St Pantaléon,  gare du Rhin) , et deux  sur l'autre rive  du Rhin à Deutz. Les deux rives ne sont reliées que par un pont de bateaux et des bacs.

En 1857 la RhE rachetait la BCE. En liaison avec la CME,  la RhE construisait la gare centrale (2 voies pour la RhE, 2 voies pour la CME) et  un raccordement vers la ligne de Bonn ( Saint Pantaleon et la gare du Rhin perdant toute importance),  puis  le pont de la cathédrale  en 1859. Ce pont à tablier métallique était double: un pont ferroviaire de  deux voies et un pont routier. 
La ligne Koln-Deutz à Gruiten est construite en 1868
La gare centrale est reconstruite en 1894 avec un grand hall de 64 m de large.
Un pont à deux voies est jugé insuffisant et un nouveau pont est construit entre 1907 et 1911: le pont Hohenzollern.  Il était formé de trois travées adjacentes: 2 pour des doubles  voies ferrées et une pour la route. Le pont et la gare furent détruits en 1945, le pont a été reconstruit presque à l'identique mais la gare actuelle est moderne.

Sites et références


Plan de Cologne vers 1880.
La cathédrale est achevée, la gare centrale et le pont sont réalisés On remarque les gares de Saint Pantaléon (au Sud) et du Rhin (au Nord) ainsi que le pont de bateaux toujours présent
A comparer avec  le plan de 1752 et le plan de 1789 de Fabricius
Plan de Cologne vers 1980.
La croisée médiévale de la Hohe Strasse (NS) et de la Shildergasse (EO) existe toujours mais a été doublée d'une croisée "routière".Le tracé de l'enceinte reste visible car des boulevards ont pris leur place  mais il n'en  ne reste que des vestiges au Sud ( Severinstor et Ulrepforte)
Plan da cathédrale. la construction de tour Sud s'est arrêtée au second étage vers 1410. Les travaux de la nef et du transept  furent interrompus ensuite en 1560.