Les contradictions du réalisme socialiste et de l'art national-socialiste

La procession de Paques. Répine
Il était assez facile de trouver des racines au réalisme socialiste chez les ambulants (on relève dans cette peinture les différences de classe et les conflits)
Malheureusement les ambulants traitaient aussi de la vie du Christ  et ces tableaux là  eurent également une influence.
Staline au front. Finoguenov
Dommage qu'il n'y soit jamais allé !
Des roses pour Staline. Vladimirski
V Vishnevsky déclarait:au 1 er congrès des écrivains en 1934: " au culte du surhomme qui se développe en Allemagne.. nous opposerons l'image du vrai leader prolétarien -homme simple et tranquille-"
L'enfance de Staline. Grzelitchvili.
Staline enfant ou Christ enfant ? 
Le temps des moissons. Plastov.
S'agit-il de folklore Russe ou de montrer l'abondance ? 
Le nouvel appartement. Laktionov.
Il suffit de remplacer l'homme du cadre pour obtenir une peinture national-socialiste !
Un des nombreux Lilas.de Pyotr Konchalovsky.
Les sujets " gratuits" sont rares dans la peinture soviétique mais hélas appréciés du public.
C"est toujours vrai aujourd'hui: c'est ce type de peinture que l'on trouve sur le marché
La promenade du dimanche. Spitzweg
D'après Speer Hitler plaçait au plus haut les peintres naturalistes de la fin du XIX e:  Grûtzner, Spitzwg, Makart, Leibl, Thoma
Le Führer parle. Padua
Il suffit de changer le portrait au mur pour obtenir une peinture soviètique.
Hitler par Lanzinger
Un tel portrait de Staline est inimaginable mais chez les nazis le souffle de la légende est acceptable.
Exposition de l'art Allemand à Munich. portrait d'Hitler par Erler et statues de Breker
Hitler grand architecte: beaucoup trop de symbolisme pour une peinture du réalisme socialiste
La foule à l'exposition de l'art dégénéré à Munich en 1937.
L'exposition eut beaucoup plus de succès que celle de l'art Allemand installée dans les somptueux locaux de la maison de l'art allemand
Hitler visitant l'exposition de l'artt Allemand à Munich en 1937.
Le choix des œuvres avait été effectué par Ziegler ,le peintre préféré d'Hitler. Le führer fut très mécontent et  imposa un nouveau choix, preuve de la difficulté pour les artistes d'être "dans la ligne" alors qu'Hitler, Rosenberg et Goebbels professaient des conceptions différentes
Tableau d'Hitler.
Rien de tourmenté dans l'oeuvre du Führer : des paysages, des vues de villes, des fleurs, quelques silhouettes féminines. Un travail appliqué.
Peinture d'Hensternberg dans le
Hall du pavillon Allemand de l'exposition universelle de Paris de 1937.
L'exposition permit de confronter l'art soviétique et l'art nazi.
La lutte pour le drapeau. Kampf
Un passé d'exploits guerriers
Les 4 étléments. Ziegler
Une telle représentation du nu est inimaginable dans l'art soviétique
Projet du futur Berlin par Speer. A la même époque le projet pour  Moscou est très semblable.
On conviendra que l'art sous ces régimes totalitaires devait avant tout servir à la propagande.
Définir les critères d'une production artistique "dans la ligne" était donc un enjeu majeur

Une  difficulté était de montrer que ces nouveaux systèmes étaient un progrès, en rupture avec le passé, tout en affirmant des racines anciennes (1)

La tradition du XIX e siècle

Les deux systèmes croyaient à la notion de progrès et donc devaient recueillir tout l'héritage "technique" du XIX e siècle.

L’art académique du XIX e siècle était internationalisé. Partout on trouvait les mêmes techniques, le même type d’institution. La montée des consciences nationales conduisit à des courants nationaux qui se singularisaient seulement par les sujets traités. Il s’agit de courants réalistes qui ne traitent plus de l’antiquité romaine, de la mythologie ou de la grande histoire mais des scènes du quotidien et des paysages nationaux.

En Russie le mouvement des ambulants - Répine , Kramskoï, Sourikov,..- veut retrouver l’âme Russe. Cela se traduit par des tableaux (généralement grands) traitant du peuple ou de l’histoire. Il ne s’agit pas tableaux destinés aux salons bourgeois, mais de compositions épiques.

En Allemagne le réalisme s’incarne dans trois courants : le Biedermeier, l’école de Dusseldorf et l’école de Munich (Leibl, Trübner, Grützner). Ces trois courants correspondent à une clientèle bourgeoise qui apprécie une dose modérée de romantisme pour des tableaux qu’elle accroche dans ses salons familiaux.
Il faut remonter aux  romantiques, le mouvement "sturm und drang", pour trouver une peinture tourmentée -Schinkel, Fiedrich, Runge - inspirée par la confrontation de l'homme et de la nature ou par l'ombre d'un moyen age mythique.

La tradition populaire

Les deux systèmes s'appuyaient sur le "peuple".
Il fallait donc conserver les traditions authentiquement populaires.

Les collecteurs de contes allemands sont les frères Grimm (2) mais c'est plutôt sur les épopées médiévales redécouvertes par les romantiques, - Les Nibelugen - que va s'appuyer le régime
Les nazis verront en la paysannerie la partie saine de la nation, protégée des mœurs décadentes de la ville.
Ils utilisèrent la tradition germanique dans la mise en scène de défilés avec des chevaliers à cheval et dans l’exaltation des légendes.


Les contes russes de la tradition orale ont été relevés à partir de la seconde moitié du XIX e siècle - en particulier par Afanassiev -écrivains et compositeurs y ont trouvé leur inspiration.(3)
Le communisme met en avant le prolétaire, qui n'existe guère avant le XIX e siècle.
Il y a aussi une contradiction entre le désir de russification et l'apparent respect de la culture traditionnelle des peuples de l'URSS.
Le passé n'est évoqué que sous forme de folklore.
La paysannerie que glorifie certains tableaux sera une complète illusion puisque liquidée par la collectivisation.
Il faudra tout de même  puiser dans la tradition historique  pour souligner les faits d'armes de l'ancienne Russie quand la guerre éclatera.

 L’art soviétique 

 Après une période avant-gardiste, le parti communiste soviétique va prendre les ambulants comme référence pour créer un art à son service.

La peinture religieuse était présente dans le mouvement ambulant. Il ne s’agissait pas de Christ en gloire, d’élévation, mais d’une vision familière. L’homme -dieu était montré proche de tous. Cette inspiration se retrouvera dans certains tableaux représentant des épisodes de la vie des chefs (enfance, méditation avant l’action,..)(4)

Quand il devint évident que la révolution n’allait pas s’étendre au-delà de la Russie Staline inventa la doctrine du « socialisme dans un seul pays ». Il déclarera : « la culture soviétique est une culture socialiste par son contenu et nationale par sa forme. ».

Staline n'est pas - au contraire d'Hitler - intéressé par la culture et c'est Jdanov qui sera le vrai organisateur de la culture soviétique à partir des années 30.
L'avant garde étant liquidée (5), il s'attaquera au réalisme grossier - qui ne se soucie pas de mettre en avant le développement révolutionnaire -  et au formalisme - qui fait de "l'art pour l'art".
Jdanov déclare qu'il faut "rompre avec le romantisme à la vieille manière, avec le romantisme qui représentait une vie inexistante et des héros inexistants, qui faisait s'évader le lecteur des contradictions et du joug de la vie dans un monde chimérique, dans un monde d'utopie."

Le dictionnaire soviètique précise « l'art soviétique prolonge les meilleures traditions réalistes de l'art du passé, en particulier de l'art russe, l'art de Pouchkine et de Tolstoï, de Gogol et de Nekrasov, de Repin et de Surikov, de Tchaikovski et de Glinka, ..L'exigence fondamentale du réalisme socialiste est la représentation véridique, historiquement concrète, de la réalité dans son développement révolutionnaire. »(6)

L’art est donc réaliste. Il est réaliste de produire d’innombrables tableaux de Staline au front alors que celui-ci ne s’y est jamais montré… Il est réaliste de détruire ou de "corriger" les tableaux ou apparaissent des individus devenus gênants: Trotski, Zinoviev, Kamenev, Boukharine...Il est réaliste de montrer des paysans vivants dans l'abondance alors que la liquidation des koulaks fit des millions de morts et que l'autosuffisance ne fut jamais vraiment atteinte...
Manifestement le "réalisme" ne concerne que la forme.

Il y aura tout de même toujours une contradiction entre la nécessité d’un art « pour les prolétaires de tous les pays » et une facette purement russe. Le côté Russe ne peut donc se développer que par des détails folkloriques.

L’art soviétique est donc au service du parti (et de ses changements idéologiques) d'une forme réaliste immuable, prolétarien, national.

L’art national-socialiste

 Le national-socialisme va immédiatement tirer un trait sur l’art dégénéré qui a fleuri au début du XX e siècle et renouer avec les courants bourgeois du XIX e.
Il y a évidemment une contradiction car ces calmes peintures qui ornaient les salons bourgeois ne peuvent servir à la propagande nazie. Renouer avec le passé et vouloir bâtir un homme nouveau présente quelques difficultés.

Au contraire de Staline Hitler est un "artiste" qui ne veut pas seulement un art de propagande mais trouver une expression artistique allemande. La peinture de sa jeunesse ne représente que des scènes paisibles: un amateur en  parfaite continuité avec les mouvements du XIX e siècle
Il veut simplement des « tableaux finis » exprimant l’âme allemande.

Les deux autres acteurs sont Goebbels et Rosenberg.

Goebbels contrôle la chambre de la culture du Reich avec Robert Ley, le fondateur de " la force par la joie".(cette dernière organisation organise des événements, des camps de vacances et sera le principal "consommateur" d'art Allemand)
Goebbels n'est pas insensible, à titre personnel,  à l'art dégénéré en matière de peinture mais son intérêt principal est l’efficacité de la propagande pas l'esthétique. Il veut " un art véritable - le seul admissible - est un art inspiré par le peuple et accessible au peuple" (7).  Il portera  son effort
sur le cinéma qui lui semble le vecteur essentiel de sa propagande.

Rosenberg est un idéologue qui interprète l'histoire comme une lutte entre les aryens  et les juifs et est hostile au christianisme. Il voit cette lutte comme grandiose à l'image des géants que produira la sculpture  du Reich
Proche d'Hitler, sa rigidité et sa maladresse lui vaudront des déboires de "carrière" mais il influencera profondément la pensée nazi dans tous les domaines culturels.

Ces trois  personnages correspondent à la triple production de l’art national-socialiste :  ceux qui produisent un art de propagande, ceux dont l’inspiration aryenne les conduit à des représentations symboliques, ceux qui représentent des paysages ou des scènes de genre typiques de l'âme allemande.

 Le seul point commun est l’expression réaliste des trois genres.

L’art national-socialiste est donc au service du parti (celui-ci ayant du mal à définir ce qui ne relève pas de la propagande),   national, de forme réaliste ou symbolique.

L'art révolutionnaire

Au début du XX ème siècle l'art commence sa rupture avec les traditions académiques, rupture qui s’accélère avec les bouleversements sociaux entraînés par la première guerre mondiale. 
La construction d'un homme communiste  nouveau semble devoir appeler un art nouveau en rupture avec le passé.
Cela est particulièrement sensible en architecture après la révolution russe de 1917 ou on recherche des bâtiments permettant de nouvelles formes de vivre communautaires et ou on s'interroge sur la ville. Guinzburg propose alors des villes vertes.
La prise de pouvoir de Staline met fin à ces tentatives: l'art doit  servir à la propagande et donc  être "compréhensible", utiliser des formes classiques. En peinture il faut être "réaliste" et  en architecture il faut construire des "palais du peuple" (aussi académiques que coûteux et inutiles alors que les besoins criants de logements ne sont pas remplis). 
La situation est un peu différente en Allemagne  ou Hitler, au contraire de Staline, s'intéresse à l'art. Ses goûts sont très classiques  et il veut renouer avec le "passé germanique ". L'art "dégénéré" est donc condamné mais je trouve que l'art nazi n'atteindra pas la nullité, le conformisme total, de l'art soviétique.
Les deux dictateurs ont en commun le désir de la grandeur, le besoin de spectacles de masse et de défilés. L'architecte urbaniste tracera donc de vastes avenues avec des tribunes, des arènes gigantesques.
Les révolutions politiques du XX e siècle  conduiront  donc à la dictature et au conservatisme en matière d'art.

Les réalismes 

La réalité est aussi difficile à saisir que le réalisme.
Si on consulte un très vieux Larousse, le réalisme y est décrit comme une doctrine du moyen âge prétendant à l’existence concrète des idées.
Le créateur du réalisme en art est Courbet qui indique que « le fond du réalisme est la négation de l’idéal ». Tout peut être représenté. Hopper est une incarnation plus moderne de ce courant
Le réalisme académique s’attache à l’exactitude des détails. Gérôme se documentait longuement sur les jeux du cirque avant de représenter avec exactitude la musculature et l’équipement de ses gladiateurs.
Le réalisme de la perception directe donne des tableaux moins léchés, saisissant l’instant. Degas, ses nus et ses danseuses m’en semble une bonne expression.

Finalement tous ces réalismes se contentent de partager les canons classiques : dessin correct, perspective, palette » panchromatique ».

Concrétiser l'idée

Hitler voulait  une fusion grandiose de la propagande, de l’art et de l’état.
Staline voulait un art au service du développement révolutionnaire
L’art totalitaire participe un peu de la doctrine du moyen âge : on voudrait qu’une idée devienne réalité.
 Les résultats artistiques de deux régimes sont très similaires lorsqu’il s’agit de propagande car les méthodes de base sont toujours soit de désigner un ennemi, soit d’exalter le but à atteindre.
Les deux expressions divergent quand il s’agit d’exprimer « l’idée » puisque celles-ci sont différentes.
Le réalisme socialiste est matérialiste, cela lui interdit les représentations trop symboliques : l’idée doit rester accrochée à une représentation terre à terre.
L’art national socialiste doit exalter l’âme germanique et l’homme nouveau : le symbolisme, la plongée dans les légendes sont bienvenues

Soigner les détails 

Pour conforter l’impression de réalité il faut que les détails soient exacts.
Un des textes importants de Jdanov est son article sur l'opéra " la grande amitié" de V.Mouradeli . Il y souligne que  livret est artificiel et faux du point de vue historique et que la musique ne reflète pas la musique populaire des peuples du Caucase du Nord.
La critique de Jdanov porte donc plus sur "l'authenticité" de l'opéra que sur sa forme.
En matière de folklore il n'y a aucun danger à être authentique au contraire de l'histoire ou il faut impérativement "saisir le mouvement révolutionnaire"

Deux visions de l'histoire 

 Le communisme réécrit l'histoire.
 Les éléments gênants du passé doivent disparaître. Comme dans "1984" l'histoire est "changeante". Il en est ainsi si vous êtes accusé: il faut avouer, reconstruire sa propre histoire pour montrer que l'on est un traître.(8) Le parti est infaillible, mais il faut mieux lire la Pravda chaque matin pour voir si la vérité qu'il professe n'a pas changé.
Au niveau artistique l'art hors de la "ligne générale" disparaît des musées et des livres. Les personnages gênants des tableaux sont effacés. A titre personnel il est dangereux de conserver des tableaux de l'art bourgeois: ceux ci sont détruits ou vendus.
Le national socialisme justifie l'histoire.
Les éléments du passé sont conservés mais réinterprétés afin de justifier la supériorité de la race Allemande.. Dans Mein Kampf Hitler reconnait que le programme en 25 points du parti est dépassé mais affirme qu'il ne faut surtout rien changer pour des raisons de propagande (9). On condamne sur des critères raciaux ou "pratiques" mais on ne demande pas à l'accusé d'avouer, de reconstruire son passé.
On exalte certains événements - on construit un mausolée aux seize morts du putsch de Munich- et on parle peu d'autres - la nuit des longs couteaux - sans les faire disparaître des écrits et des mémoires. Au niveau artistique on expose l'art dégénéré. Au contraire des soviétiques on ne nie pas son existence mais on explique en quoi il était nocif et imbibé d'esprit juif..
A titre personnel Goebbels et Goering apprécieront (s'accapareront) les meilleures œuvres de l'art dégénéré sans qu'il leur en soit fait reproche.

Un art éternel

 Hitler  déclare dans son discours d’ouverture de la maison de l’art germanique « .. il y avait un nouvel art chaque année. L’art allemand national socialiste veut, au contraire établir un art germanique et cet art sera et devra être éternel, ainsi que le sont les  autres qualités du peuple. Si nous manquons cette valeur éternelle de notre peuple, alors il n’y a pas de valeur significative du tout."
L’art national socialiste doit donc atteindre une forme définitive, éternelle.
L’art soviétique se veut lui aussi immuable pour une raison moins profonde.
Staline," savant d'un type nouveau" (10), écrit en en 1950 « Marxisme et questions de linguistique » , ouvrage dans lequel il constate que bien que la révolution ait tout changé, la langue est restée immuable.
Les marxistes zélés tirent immédiatement les conséquences de cet ouvrage : l’art est un langage, sa structure doit rester immuable.

L'architecture et la sculpture

Il est facile de mettre la peinture au service de la propagande du parti, le seul moyen d'y entraîner l'architecture est de faire grandiose pour montrer la supériorité de son système politique.
Pour ce but on pense immédiatement à des références romaines : les architectures soviétique et nazi seront donc de forme classique.(11)
Une telle architecture ne se conçoit pas sans sculpture "d'accompagnement."
La sculpture sera donc tout entière au service de l'architecture, elle sera comme elle, grandiose et néo-classique.  
Etre néo-classique n’empêche pas de concevoir des bâtiments à ossature en acier à condition de la recouvrir d'un parement. les procédés de construction seront donc modernes(12). 
En Allemagne Speer est le maitre incontesté de l'architecture, en URSS l'union des architectes - sous l'influence de Chtchoussev - se partage les commandes.
Une avancée majeure de ces régimes est qu'ils peuvent se permettre de faire des plans d'ensemble (13) et de les appliquer (si la guerre ne les en empêche pas)
Un inconvénient majeur est que l'attention est portée aux seuls bâtiments de prestige. Dans le cas soviétique, les bâtiments modestes, mais plus utiles, pèchent autant par leur conception que par le manque de moyens (14).
L'architecture Stalinienne d'avant guerre reprend le vocabulaire de l'architecture académique du  19 ème siècle  alors que l'architecture nazie est beaucoup plus épurée (et bien moins coûteuse).
Après guerre l'URSS s'inspirera des gratte-ciels américains pour ses réalisations de prestige (comme les 7 sœurs) mais en leur adjoignant des  ailes  et  un couronnement "gothique".
Certains édifices ont une inspiration "régionale". Dans le cas soviétique il s'agit généralement de détails (15) mais en Allemagne des bâtiments se veulent une interprétation moderne des maisons aux  grands toits traditionnels.
  1. Il s'agit de croyance et le christianisme, avec une toute autre ampleur, s'affirma comme un progrès tout en essayant de retrouver des racines dans l'antiquité païenne. 
  2. En France l’intérêt savant pour le folklore commence vraiment au XVII e siècle avec les contes de ma mère l'Oye de Perrault Mais en Allemagne et en Russie il faut attendre le XIX e siècle.
  3. Les études folkloriques savantes se développerons presque librement sous le régime soviétique (Vladimir Propp) probablement parce que la contradiction aurait été trop grande de les empêcher et qu'elles étaient jugées pratiquement inoffensives. 
  4. Les tableaux religieux existaient aussi dans les mouvements allemands du XIX siècle mais il me semble qu’ils n’eurent pas d’influence sur l’art nazi.
  5. Ce fut  la lutte des années 20  contre le libéralisme,  le proletkult, le constructivisme, la "tendance à l'apolitisme et au sectarisme ". Son   fer de lance sera la création d'unions artistiques auxquelles un artiste doit obligatoirement s'affilier. L'union des écrivains soviétiques en est la branche la plus connue.
  6. Le dictionnaire soviétique reprend ici un autre passage du discours  de  Jdanov 1934  sur les "ingénieurs des âmes" ( les écrivains): il faut "ne pas représenter la réalité objective mais la réalité dans son développement révolutionnaire". 
  7. Les nazis n'ont jamais nié la culture."Quand j'entends le mot culture, je sors mon revolver" est tirée d'une pièce de Hans Johst et signifie qu'il faut détruire la culture décadente pour la remplacer par la culture nazie. 
  8. Avant d'être envoyé au goulag ou fusillé, l'accusé doit subir une longue phase d'interrogatoire pour qu'il signe enfin ses aveux: la condamnation doit être justifiée. Boukharine, Zinoviev, Kamenav avoueront leurs crimes; Röhm, Schleicher, Strasser seront exécutés sans procès. La Gestapo a aussi interrogé, torturé, mais  ce n'était nullement pour faire avouer des crimes imaginaires. Le livre de Margaret Bubber Neumann, qui connut les camps soviétiques et allemands  est édifiant sur leur similitudes dans l'horreur et dans leurs différences sur la justification de celle ci. 
  9. La principale revue d'art s'appelle "l'art du III e Reich", Hitler a pourtant indiqué qu'il ne fallait pas utiliser cette expression mais "art national-socialiste" . La revue ne changera pas de nom: une fois une décision prise on ne doit pas (officiellement) la remettre en question.
    Les soviétiques vont beaucoup plus loin: Piatakov déclarait " si le parti le demande nous expulserons de notre cerveau en 24 heures les idées qui furent les nôtres pendant des années. Oui, je verrai noir ce que je croyais blanc". Piatakov fut liquidé à la suite du second procès de Moscou  en 1937.
  10. Il ne s'agit pas d.'ironie de ma part mais bien du vocabulaire de l'époque. La Nouvelle Critique n°12 dédiée au 70e anniversaire de Staline comporte un article avec ce titre p 1571. Staline est aussi bien sur " l'homme que nous aimons le plus".
  11. Dans la première période de la révolution russe l'architecture est novatrice - comme la peinture - mais les moyens manquent cruellement pour réaliser. Tout change avec l'affirmation du pouvoir de Staline.
    Notons que dans les années 30 le néo- classicisme n'est pas spécifique aux régimes totalitaires -le palais de Chaillot en est un exemple -
  12. La préfabrication devra attendre l'ère Khrouchtchev pour être vraiment mise en oeuvre.
  13. En France les quelques plans d'organisation comme le plan Prost se heurtent à tellement d’intérêts qu'ils ne seront jamais exécutées.
    Le quartier des rassemblements du parti à Nuremberg est 15 fois plus étendu que la vieille ville. La majorité des églises de Moscou vont être détruite avant guerre.
  14. Ceci est est  dramatique en URSS où les bâtiments ne sont plus entretenus depuis la révolution et où le manque de logements est énorme.
  15. Certaines républiques de l'URSS n'ont de toute manière pas de tradition architecturale, il est par exemple difficile de s'inspirer d'une yourte ouïgour.