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Sur cette photo aérienne de Ménilmontant en 1950 par Henrard, 100% des appartements sont des "passoires thermiques". La rénovation est passée par là mais il reste probablement 50% de "passoires". |
L'INSEE recense à Paris 576 000 résidences principales, dont 300 000 logements loués, classées comme passoires thermiques. La loi prévoit que ces logements seront interdits à la location, ce qui serait catastrophique.
Cela m'a amené à me pencher sur l'évolution de la réglementation thermique et sur la méthode de calcul actuel, 3CL, du DPE et sa pertinence pour des bâtiments anciens.
Bch = Sh*ENV*METEO*INT
Parallèlement on lisait en 2011 dans le rapport d'étape du projet BATAN de modélisation du bâtiment ancien: "les modèles de calculs existants, particulièrement réglementaires, sont inadaptés à la complexité du comportement thermique des bâtiments anciens"
Le principe de calcul est évidemment inchangé.
Plan
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Modes de transfert thermique. Pour le transfert par conduction dans un paroi on définit une résistance thermique R = e/λ (en m².K/W) ou e est l'épaisseur et λ la conductivité thermique.(W/m.K) Inversement U=1/R est la transmission thermique. Si une paroi présente plusieurs couches, les résistances thermiques s'ajoutent, si un local présente plusieurs parois les transmissions thermiques s'ajoutent. La convection est due au mouvement d'un gaz. Elle est proportionnelle a (T/M) ½ (T température, M masse molaire) On a donc intérêt pour la réduire a utilisé un gaz lourd comme l'argon pour les doubles vitrages. Le rayonnement est l'émission d'ondes électromagnétiques par un corps chauffé. Une surface absorbe de l'énergie et émet de l'énergie. Elle se caractérise par son pouvoir réfléchissant (albédo) et son émissivité. |
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Profil de température dans une paroi (un mur, un isolant, une vitre) Il y a deux phénomènes: les échanges aux surfaces (qui dépendent de coefficients h liés à la conduction, à la convection et au rayonnement) et la conduction dans la paroi (qui dépend de λ). En ce qui concerne le rayonnement, l'émissivité est définie comme le rapport entre l'énergie émise par une surface à une T° donnée par rapport à celle d'un émetteur parfait (corps noir). Par exemple, pour les doubles vitrages performants, la vitre interne à une couche extérieure de basse émissivité afin de "renvoyer" le rayonnement infrarouge vers le logement. Les isolants minces sont constitués de couches d'aluminium réfléchissant (à faible émissivité) séparés idéalement par de l'air. Tout va bien tant que l'isolant ne touche pas une paroi froide. |
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Typologie des pertes par l'enveloppe |
Le modèle d'isolation avec lame d'air est surtout théorique, sa mise en œuvre est trop délicate: la lame d'air est presque toujours ventilée.. |
Quelques types de ponts thermiques. Ils provoquent des condensations dans la pièce |
L'énergie apportée par le rayonnement solaire est utile en hiver et nuisible l'été. Comme il s'agit d'un apport intermittent le bâtiment doit avoir de l'inertie pour le stocker (ce qui est le cas des bâtiments anciens mais rarement celui des bâtiments récents) |
Les 3 zones climatiques d'origine de la réglementation |
Modèle statique de bâtiment
La façon la plus simple de considérer les pertes d'un bâtiment est de considérer que pour chaque m3 , si l'écart de température avec l'extérieur est de 1°C il faudra injecter X watts pour compenser la perte par son enveloppe. C'est ainsi que l'on a introduit en 1974 le coefficient G en W/m3. °C
On peut aussi plutôt considérer directement les pertes par l'enveloppe. Soit pour 1m² d'enveloppe les pertes en watt pour 1°C d'écart avec l'extérieur, c'est le coefficient Ubat en W/m².°C
G et Ubat se déduisent l'un de l'autre puisque si V est le volume du bâtiment et S la surface de l'enveloppe On a :
G*V=Ubat*.S
Ces coefficients vont permettre de calculer la consommation de chauffage sur l'année.
Pour un degré d'écart entre l'intérieur et l'extérieur on a:
B=G*V*1
Les besoins de chauffage B (en Watts) s'expriment l'linéairement en fonction de la différence Tint -Text
B= G*V( Tint-Text) ou Ubat*S( Tint-Text)
Où V est le volume du bâtiment et S la surface de l'enveloppe
On notera G*V= GV déperdition du bâtiment (W/°C)
On fait la somme des Tint-Text sur l'année pour obtenir DH, les degrés annuels d'heures de chauffage.
DH= ∫ (Tint-Text) dn
Où n est le nombre annuel de milliers d'heures de chauffage (à Paris DH=62,1kh)
Les besoins annuels de chauffage Bch sont:
Bch=GV*DH
On va perfectionner ce modèle de base
On peut distinguer deux types de perte: par les parois DP, par renouvellement d'air DR
GV=DP+DR
Il faut minorer les besoins par les "apports gratuits" dues à l'insolation des parois et des apports dus à l'occupation des locaux.
Pour un degré d'écart entre l'intérieur et l'extérieur on a:
B=GV-ηA
ou B désignant les besoins de chauffage, A désigne les apports gratuits et η leur taux de récupération
Ce qui peut s'écrire aussi
B=GV(1-ηA/GV)
B= GV*(1-F)
ou F représente les apports gratuits (F=ηA/GV)
On peut ensuite prendre en compte l'intermittence, c'est à dire la réduction de la température la nuit ou l'inoccupation durant certaines périodes. Soit un coefficient INT <1
On obtient finalement sur l'année:
Bch=GV.DH(1-F). INT
Il reste évidemment à calculer tous ces coefficients
Pertes
La chaleur se propage suivant 3 modes: conduction, convection, rayonnement
Pour une paroi c'est la conduction qui compte définie par sa conductibilité thermique λ (W/m.K ou W/m°C). La paroi présentera une résistance thermique R (m²K/W)
R=e/λ
Si on a un mur de résistance R1 doublé d'un isolant de résistance R2, la résistance totale est
R=R1+R2
L'inverse de la résistance est la conductance U (W/m²K)
Si l'enveloppe est formée de deux parois l'une de conductibilité U1 et de surface S1 et l'autre de conductibilité U2 et de surface S2, les pertes DP (W/K) par la paroi sont
DP= U1*S1+U2*S2
Si la paroi est contigüe à un local chauffé on prend U=0 , pour une fenêtre on définit un Uw équivalent (Uw=(Ug*Sg + Ut*St + ΨgPg)/Sw, g verre, t cadre, Ψ liaison cadre/vitrage, S surface, P périmètre)
Un pont thermique est caractérisé par son coefficient de transmission linéique Ψ et sa longueur L
DP=Ψ*L
On peut aussi tenir compte des pertes par ventilation, des auxiliaires,...
Apports gratuits
Ils sont dus aux apports solaires (difficiles à calculer avec précision) et à l'occupation du local.
L'inertie du bâtiment va jouer car elle permet de "stocker" ces apports gratuites.
L'apport solaire sur une fenêtre va dépendre de la situation géographique, de son orientation, de son inclinaison, des masques (définis par leurs hauteurs et leurs azimuts) et des albedos du sol ou d'autres parois visibles.
Evolution du calcul réglementaire
1974
La RT 74 introduit le coefficient G et des exigences sur ce coefficient, elle définit 3 zones climatiques (H1,H2,H3).
On imposait aux constructions neuves d'être isolées, munies de double vitrage et d'une ventilation.
Les exigences sont plus élevées pour l'électricité que pour les autres énergies
1982
A coté de G apparait le coefficient B des besoins de chauffage.
La réglementation de 74 avait entrainée la diminution de la surface des fenêtres, en 82 on introduit les apports gratuits solaires captés par les vitrages.
Le besoin de chauffage B (Wm3h) était donné par
où
1,5 apports internes gratuits forfaitisés (W/m3)
t écart moyen de température entre intérieur et extérieur suivant 3 zones géographiques( 11,5¨C pour H1, 10°C pour H2, 8,5°C pour H3
F est le coefficient de couverture solaire dont le calcul était déjà complexe.
Il était déterminé par une abaque en fonction d'un coefficient X en distinguant 3 types de bâtiment: inertie faible, inertie moyenne, inertie faible.
La classe d'inertie dépendait de M (kg/m²)
M=Σ (masse surfacique utile)*( surface de paroi) / (surface du logement)
M < 150 inertie faible, 150 < M < 400 inertie moyenne, M > 400 inertie forte
où
e Moyenne de la puissance du rayonnement solaire par m²
Ss Surface paroi verticale équivalente fictive exposée au Sud sans ombrage
1,5 apports internes forfaitisés
t écart moyen de température entre intérieur et extérieur en 3 zones climatiques H1 t=11,5°c, H2 t=10°C, H3 t=8,5°C
On peut aussi écrire
e/t est définie pour 3 zones climatiques H1 7W/m².°C, H2 8,5W:m².°C, H3 12,5W/m².°C
La consommation annuelle de chauffage C en KWh/an pouvait être estimée
C = (B*V*DJU*24)/(1000*η)
où
V volume du bâtiment
DJU degrés jours unifiés (de 1500 à 5000, généralement de 2000 à 3000)
24 un jour=24 heures
1000 conversion en kWh
η rendement de l'installation
1988
On introduit les coefficients GV, BV et C tenant compte du chauffage, de l'ECS et des auxiliaires
F a intégré les apports internes et est devenu la fraction du besoin de chauffage couverte par les apports gratuits.La formule du besoin de chauffage se simplifieB= G(1-F) pour 1m3BV=GV(1-F) pour le bâtimentavecF=(X-Xn)/(1-Xn)où n dépend de l'inertie
X étant donné par
22,9 apports internes kWh/m²
410 insolation verticale à Paris
Ss surface transparente équivalente Sud
DH 62 000 h à Paris
L'intermittence était donnée par: INT=0,85/(1+0,1(G-1))les besoins de chauffage étant donc:Bch=BV*INT
F=(X-Xn)/(1-Xn)
où n dépend de l'inertie
2000
Apparition de Ubat et de la notion de confort d'été
2006
Apparition de Bbio
La méthode 3CL V15c est validée par l'arrêté du 6 novembre 2006
Elle prend en compte 2 usages (chauffage, ECS) et il y a 3 zones climatiques
Si la méthode de calcul, dans ses principes, ne demande pas un exposé très long , son exposé complet demande 50 pages car le calcul est répété pour 4 cas différents: maison individuelle (avec prise en compte de systèmes particuliers) ,appartement chauffage individuel, appartement chauffage collectif sans comptage, appartement chauffage collectif avec comptage.
L'exposé complet de la méthode elle même demanderait une vingtaine de pages essentiellement occupées par des tableaux de valeurs de paramètres. Toute la fragilité du modèle réside dans dans la forte sensibilité du modèle à quelques paramètres alors qu'il est très peu sensible à la majorité des autres paramètres détaillés dans le texte
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Comparaison des résultats de 3CL avec les consommations réelles sur des bâtiments anciens: des écarts allant jusqu'à500% |
En 2007, l'ENTPE a mené à la demande du ministère du logement une étude sur des logements anciens.
Sur l'habitat collectif l'écart entre la consommation réelle et celle estimée par 3CL V14 pouvait atteindre 500% et sur l'habitat individuel 150%. Il est dommage que cette étude simple n'ait jamais été actualisée pour les versions de 3CL suivantes
.
.
Bch besoins de chauffage (k*Wh/an)
Sh surface
ENV déperditions par l'enveloppe et renouvellement d'air
INT coefficient d'intermittence
METEO apports solaires et apports internes (se ramène à DH(1-F))
Les pertes sont données par
ENV= (DPmur+DPplafond+DPplancher+DPportes+DPveranda +PT)/(2,5 *Sh) +RA
DPx pertes par x
2,5*Sh pour ramener à des pertes volumiques en supposant que le plafond est à 2,5m
RA pertes par renouvellement d'air
Calcul des pertes par l'enveloppe
DPmur = Σi AiUi
Ai aire de la paroi i de l'enveloppe
Ui coefficient de transmission thermique de la paroi i (W/m²K) (Ui=1/Ri)
PT=ΣkLkΨk
Lk longueur du pont thermique linéique de la liaison k
Ψk Coefficient de transmission thermique de la liaison k
On a des calculs semblables pour les autres DP
Calcul des pertes par renouvellement d'air
RA=0,34*Cra*Sh/(2,5*Sh) = Cra*0,14
0,34 chaleur volumique de l'air
Cra débit moyen
RA=0,35 quand la ventilation est assurée par les fenêtres et 0,1 en VMC double flux
Calcul des apports gratuits
METEO=CLIMAT*COMPL
CLIMAT coefficient fonction du département et de l'altitude
COMPL apports solaires
CLIMAT=DHcor /1000
DHcor degrés heure corrigés ( h°C/an)
1000 conversion en kWh
DHcor=DHref+(Nref/C2+5)*DN
Dhref degré heures de référence (h°C/an)
Nref durée de la saison de chauffe (h)
C2 correction en fonction de l'altitude
COMPL=2,5*(1- (X-Xn)/(1-Xn))
2,5 hauteur sous plafond
n 2,9 ou 3,6 si inertie lourde
NB: F=(X-Xn)/(1-Xn)
X dépend de la zone géographique, par exemple pour H1
X=(22,9+Sse*E)/(ENV*2,5*CLIMAT)
Sse surface Sud équivalente par m² de surface habitable
E ensoleillement par département cumulé sur la saison de chauffe
On ne dispose que de deux valeurs pour Sse vitrage Sud dégagé (0,045), autre vitrage (0,028)
Intermittence
INT=0,85/(1+0,1*(ENV-1))
0,85 85 % d'intermittence
Rendement de l'installation
Ich=1/(Rg*Rd*Re*Rr)
Rg rendement générateur, Rd rendement de distribution, Re rendement émetteur, Rg rendement régulation
Calcul ECS
Cecs=Becs*Iecs
Becs Besoin d'ECS
Iecs inverse du rendement ECS annuel
Becs=(1,163*Qecs*(40-Tef)*48)/1000
1,163 capacité calorifique de l'eau
Qecs quantité ECS hebdomadaire ( 470,9*Ln(Sh)-1075)
40 température de l'eau mitigée
T ef dépend de la région (H1 10,5, H2 12, H3 14,5)
48 nb de semaines d'occupation
1000 conversion en kWh
Calcul des consommations en énergie primaire
Partons de la consommation de chauffage sur PCS
Cchpcs= =Bch*Ich
Cchpcs consommation de chauffage énergie finale (kWh)
Bch besoins de chauffage
Ich=inverse du rendement de l'installation
Il faut passer de PCS en PCI (du pouvoir calorifique supérieur à inférieur )
Cchpci=Cchpcs / I coeff-pci
Icoeff_pci varie de 1(électricité) à 1,11(gaz, bois)
Il faut aussi appliquer Icoeff, le coefficient d'énergie primaire. Pour l'électricité on estime qu'il faut 2,58kWh pour produire 1 kWh donc Icoeff = 2,58 , il est de 1 pour les autres sources d'énergie.
On obtient en=fin la consommation par m3 et par an:
Conso=( Cchpci*I_coeff*+Cecs*I_coeff + CLIM*2,58)/Sh
CLIM climatisation (non détaillée dans ce texte)
Ce qui conduit à l'étiquette du DPE
Calcul des émissions de CO2
Eco2= (Cchpci*Fco2ch+Cecs*Fco2ecs+CLIM*0,04)/Sh
Les Fco2 sont les mêmes pour le chauffage et l'ECS (de 0,013 pour le bois à 0,384 pour le charbon) sauf pour l'électricité (0,18, 0,04) pour des raisons que je ne comprends pas.
2012
Introduction de Cep "fixe" et de Bbio
La méthode 3CL V1.3 est validée par arrêté du 17 octobre 2012
Elle prend en compte 2 usages ( chauffage, ECS) et 3 zones climatiques
Son exposé requiert 86 pages alors qu'il n'y a plus de duplication sur 4 cas différents. Cette longueur est due au traitement complet des apports solaires et à la multiplication des modèles de systèmes de chauffage et d'ECS possibles (concernant surtout les pavillons)
On introduit aussi des pertes récupérables.
Le modèle se complexifie mais on reste à 3 zones climatiques.
Parallèlement on lisait en 2011 dans le rapport d'étape du projet BATAN de modélisation du bâtiment ancien: "les modèles de calculs existants, particulièrement réglementaires, sont inadaptés à la complexité du comportement thermique des bâtiments anciens"
Les besoins de chauffage sont exprimés suivant une formule plus classique:
BV=GV*(1-F)
BV besoins annuels de chauffage par degré d'écart
GV pertes
F fraction des besoins de chauffage couverts par les apports gratuits
Bch=BV*DHcor/1000 -Pr*Rrp
Bch besoin de chauffage (kWh PCI) ( d'où la division par 1000 pour avoir des watts)
DHcor degrés heures corrigés de chauffage
Pr pertes récupérables
Rrp rendement de récupération des pertes
Calcul des pertes par l'enveloppe
Prise en compte différenciée des parois donnant sur des espaces non chauffés d'abord par un coefficient de réduction b
Par exemple:
- Paroi donnant sur l'extérieur b=1
- Paroi donnant sur un bâtiment autre qu'habitation b=0,2
Si la paroi donne sur un autre local non chauffé il faut tenir compte du rapport des surfaces Ai/Ae ce qui donne un U équivalent.
Les combles fortement ventilés ont un U = 9 , les combles faiblement ventilés ont un U = 3
Le coefficient U des types de parois est donné par des arbres de décision et des tableaux
Les ponts thermiques sont détaillés en 5 types
Calcul des pertes par renouvellement d'air
DR=Hvent+Hperm
DR perte par degré d'écart
Hvent déperdition par renouvellement d'air
Hperm déperdition par renouvellement d'air du à la perméabilité.
Hvent= 0,34*Qvarep*SH
Qvarep Débit (m3/h/m²) donné entre 1,2 (ventilation par ouverture des fenêtres) et 2,24
Hperm=0,34*Qvinf
Qvinf débit d'air du à l'infiltration par tirage thermique
Qvinf=0,0146*Q4pa*07*(19-Textmoy)
Q4pa perméabilité sous 4 pascals
Textmoy température extérieur moyenne ( variable suivant H1,H2,H3)
Q4pa=Q4penv+0,45 Smea*Sh
Smea valeur conventionnelle de la somme des modules d'entrée d'air(m3/h/m²) entre 0 et 4
Q4penv=Q4paconv*Sdep
Q4paconv entre 1,7 et 2,5 suivant 3 cas
Sdep surface des parois déperditives
Calcul des pertes récupérables (nouveau paragraphe par rapport à 2006)
Pr=Pr1+Pr2=Sh*(Prs1+Prs2)
Pr1 pertes récupérées des auxiliaires de chauffage
Pr2 pertes récupérées de l'ECS
Prs1 et Prs2(les pertes par m²) sont déterminés par des tableaux dépendant de la zone climatique et du système ECS
On applique ensuite un coefficient Rrp de rendement des pertes récupérables d'autant plus faible que l'inertie du bâtiment est lourde et de formule un peu compliquée dépendant de X.
Preff= Pr*Rrp
Preff pertes effectivement récupérées
Calcul des apports gratuits
Pour le calcul de F, on calcule d'abord X
X=(As+Ai)GV*DHcor
As apports solaires
Ai apports internes
DHcor degrés heures de chauffage corrigés (dépend de l'altitude, de la position par rapport à mer,..)
Ai=4,17*Sh*Nref
Nref nombre d'heures de chauffage
As=1000*E*Sse
E ensoleillement reçu (Kwh/m²)
Sse surface équivalente Sud
F=(X-Xn)/ (1-Xn)
n dépend de l'inertie du bâtiment
La détermination de Sse est traitée en détail avec des cas de masques proches ou lointains. Je doute qu'un diagnostiqueur puisse entrer dans ce niveau de détail.
Intermittence
INT=I0/(1+0,1*(G-1))
G=GV/Hsp*S
I0 facteur d'intermittence dépendant de l'inertie de la maison et de la régulation du chauffage
Hsp hauteur sous plafond (fixée à 2,5m dans le calcul 2006)
Sh surface
Rendement de l'installation
Ich=1/(Rg*Re*Rd*Rr)
Rg rendement générateur, Rd rendement de distribution, Re rendement émetteur, Rg rendement régulation ( idem 2006)
Si la forme du calcul est semblable à celui de 2006 le nombre de cas envisagé est beaucoup plus important.
Calcul ECS
Pour le besoin d'eau chaude Becs, on distingue entre Sh < 27m² et Sh >27m²
Sh <27m²
Becs=N*0,988*(40-Θ)*Sh
Sh> 27m²
Becs=0,0558*(470,9*ln(Sh) - 1,075)*(40-Θ)
Θ température d'eau froide en fonction de la zone climatique(H1 10,5, H2 12, H3 14,5)
Cecs=Becs*Iecs
Iecs=1/(Rs*Rd*Rg) avec des considérations subtiles sur l'installation, en particulier sur les pertes des ballons électriques et les chauffe-eau solaires.
Calcul des consommations en énergie primaire
Idem que 2006 (+Pr)
Calcul des émissions de CO2
Idem que 2006
2021
Suppression du DPE sur factures , méthode 3CL obligatoire mais modifiée pour les logements anciens après les premiers retours.
La méthode 3CL-DPE 2021 est validée par arrêté du 31 mars 2021 et modifiée par l'arrêté du 6 octobre 2021
Elle prend en compte 5 usages(Chauffage, ECS, auxiliaires, éclairage, refroidissement) et 8 zones climatiques
Son exposé demande 145 pages . Les besoins de chauffage sont calculés mensuellement et il y a 8 zones climatiques.
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Découpage en 8 zones climatiques. Il faut aussi tenir compte de l'altitude. |
Les besoins d'éclairage, des auxiliaires et du refroidissement sont intégrés.
Le calcul s'effectue par mois en KWh (d'où l'introduction d'un facteur 1000 un peu partout)
BVj=GV(1-Fj)
BVi besoins mensuel de chauffage
GV déperditions par l'enveloppe
Fj fraction des besoins de chauffage couvert par les apports gratuits
GV=Dpmur + DPplanchers + DPmem + PT + DR
DPmur déperdition par les parois
DPplancher déperditions par les planchers bas et haut
Dpmem déperdition par les menuiseries
PT perte par les ponts thermiques
DR déperdition par renouvellement d'air
Bch=BV*DHcor/1000-Pr*Rrp
où
DHcor degrés heures corrigés de chauffage
Pr pertes récupérables des systèmes
Rrp rendement de récupération des pertes (dépend de l'inertie du bâtiment)
Pr=Pr1+Pr2 = Sh(Prs1+Prs2)
Prs1 pertes récupéré par les auxiliaires de chauffage ( W/m²)
Prs2 pertes récupérées sur l'ECS
Cch=Bch*Ich*INT
où
Ich inverse du rendement de l'installation ( générateur * émission * distribution)
INT facteur d'intermittence
Pertes par l'enveloppe
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Exemple de DPE 2021 d'un appartement ancien au dernier étage bien isolé. Les pertes principales sont dues à la ventilation. |
Le principe de calcul est évidemment inchangé.
Le calcul des pertes avec des locaux non chauffés est plus détaillés. On considère que les locaux non chauffés sont isolés s'ils sont bâtis après 1975
On donne de grands tableaux avec des arbres de décision pour les différents types de murs, de planchers bas et hauts, de fenêtres et de portes, trop complexes pour que l'on n'utilise pas les valeurs par défaut.
On distingue, toujours avec de grands tableaux, entre les ponts thermiques plancher bas/mur, plancher intermédiaire /mur, plancher haut/mur, refend/mur, menuiserie mur. Ce qui est bien compliqué pour un simple mortel et conduit à ne rien considérer du tout.
La valeur par défaut du coefficient de transmission thermique d'un mur (Umur) est passé en 2021 de 2W/m²K à 2,5 W/m²K, ce qui évidemment a impacté les immeubles anciens. les diagnostiqueurs ont été encouragés à ne pas utiliser les valeurs par défaut dès qu'il constatait la présence d'un doublage.
Un immeuble ancien est défavorisé par sa cage d'escalier munie de fenêtres considéré comme un local non chauffé attenant.
Qrec_chauff_j Pertes récupérées de distribution ECS
Calcul des pertes par renouvellement d'air
La réglementation de 74 prévoyait un renouvellement d'air de 0, 7 fois le volume habitable par heure , en 82 on passa à 0,5 fois
Les choses se gâtent dès que l'on parle de renouvellement d'air DH précisément.
Le calcul démarre comme en 2012
DR= Hvent+ Hperm
Hvent déperdition par renouvellement d'air par degré d'écart avec l'extérieur
Hperm déperdition par renouvellement d'air du au vent par degré d'écart avec l'extérieur
Hvent= 0,34 *Qvarep*Sh
Qvarep est le débit d'air extrait conventionnel (m3/hm²)donné par un tableau à 9 entrées, la ventilation par ouverture de fenêtre étant la plus mauvaise méthode (2,6) ,la VMC hygro A après 2012 la meilleure (1,16)
Hperm est déterminé par la splendide formule :
Hsp hauteur moyenne sous plafond
Qvasouf débit volumique conventionnel à souffler
e et f sont des coefficients de protection des façades
n50 est le renouvellement d'air sous 50 pascals donné par une autre formule compliquée ou un appartement ancien est 4,6 fois plus mauvais qu'un récent.
Dans la première mouture du DPE 20221 Qvarep est passé de 1,2m3/h.m² à 2,6m3/h/m² pour la ventilation par ouverture des fenêtres. Ceci a été catastrophique pour le classement des logements anciens, un "correctif" a ramené Qvarep a son ancienne valeur.
De même on avait fixé la perméabilité conventionnelle( Q4paconv) à 4,6 m3/hm² pour prendre en compte " des menuiseries parfois anciennes très perméables" et on a du reculer à 2,5m3/hm²
Ces "bricolages" auraient surtout du interroger sur la validité du modèle.
Calcul des pertes récupérables
Elles sont maintenant de 3 types et mensualisées
Qrec_chauff_j Pertes récupérées de distribution ECS
Qg_wrec_j Pertes récupérées de stockage ECS
Qgen_rec_j pertes récupères de génération de chauffage
Apports gratuits
Pour les apports gratuits, les choses vont encore se compliquer.
Les apports solaires sont difficiles à calculer, ils dépendent de l'exposition, des masques éventuels, de l'inertie du bâtiment...
La méthode actuelle considère les apports gratuits Fj pour chaque mois j
On commence par déterminer la surface équivalente Sse
Ai surface de la baie
Swi proportion d'énergie solaire pénétrant
Fei facteur d'ensoleillement
C1i coefficient d'orientation et d'inclinaison pour la paroi
Il s'en suit toute une série de tableaux avec des distinctions subtiles entre fenêtre coulissante ou battante, évaluation des masques en fonctions de l'avancée des loggias , masquage latéral, masque lointain, obstacle d'environnement, traitement des vérandas...
Fj est calculé à partir de X pour chaque mois j par
Fj=(Xj-Xjn)/(1-Xjn)
Ou n dépend de l'inertie (donnée par un tableau à 24 entrées)
avec
Xj=(Asj+Aij)/(GV*DHj)
DHj degrés-heures de chauffage pour le mois j
Aij apports internes sur le mois j (5,7W/m² le jour, 1,1W/m² la nuit), on rajoute un scénario d'occupation et on distingue période de chauffage et période de refroidissement ce qui conduit par exemple à l'équation pour un mois j
Aij=((3,18+0,34)*Sh +90*132/168*Nadeq)*Nrefj
Nadeq nombre d'adultes équivalent vivant dans le logement.
Nrefj nombre d'heures de chauffage pour le mois j
Pour les mois en période de chauffe les apports internes diminue les besoins de chauffage mais augmentent les besoins en période de refroidissement.
Intermittence
Dans les années 80 on se contentait de dire que l'on faisait des économies de l'ordre de 12% en arrêtant la chauffage la nuit si l'inertie était faible et de 4% si l'inertie était forte, on se préoccupait de l'occupation (locaux scolaires vides le WE) sans vouloir généraliser..
Le facteur d'intermittence INT est donné dans la réglementation actuelle par la formule
avec
G=Gv/(Hsp*Sh)
Io , le facteur d'intermittence, est donné par trois énormes tableaux distinguant maison individuelle, immeuble avec chauffage collectif et immeuble avec chauffage individuel.. il varie de 0,75 à 1,07
Rendement de l'installation
On va considérer les rendements de génération (Rg), d'émission (Re), de distribution (Rd), de régulation (Rr) et le type d'installation, toujours avec d'énormes tableaux, avec par exemple pour les radiateurs électriques un rendement d'émission variant ente 0,95 et 1 pour 7 cas possibles.
Ich=1/( Rg*Re*Rd*Rr)
Ich Inverse du rendement de l'installation
Consommation d'ECS
Là aussi on va considérer les rendements de génération, de distribution, de stockage ainsi que le type d'installation.
Consommation de chauffage
En 1988 le besoin de chauffage B s'exprimait:
B= GV*DH (1-F)
où F est le coefficient d'apports gratuits
avec F=ηA/DHA désignant les apports gratuits bruts et η leur taux de récupération.(X=A/DH)
Actuellement c'est plus compliqué car on va tenir compte des rendements du système de chauffage, de la "récupération" et de l'intermittence.
On détermine le besoin de chauffage Bchj par mois j
Qg_wrec_j Pertes récupérées de stockage ECS
Qgen_rec_j pertes récupères de génération de chauffage
On calcule ces 3 coefficients par des calculs subtils.(peu compréhensibles)
Ceci va permettre de déterminer la consommation de chauffage Cch (KWh PCI) sur l'année.
Cch=Bch*Ich*INT
Ich Inverse du rendement de l'installation Ich=1/( Rg*Re*Rd*Rr)
Bizarrement on peut choisir entre deux comportements: dépensier Tint=21¨C , conventionnel Tint=19°C
On va également considéré des cas concernant surtout les pavillons: Installation avec plusieurs émissions pour un générateur, installation avec plus générateurs pour une émission, installation avec chauffage solaire, ,installation avec insert ou poêle à bois en appoint, installation avec insert ou poêle à bois, idem+ radiateur électrique dans SdB, installation avec chauffage solaire et insert ou poêle à bois... ( 12 cas décrits).
On va aussi calculer la consommation éventuelle de froid.
Consommation des auxiliaires (nouveau paragraphe par rapport à 2012)
Auxiliaires de ventilation
Caux_vent =8760*Pvent/1000
Pvent puissance moyenne des auxiliaires calculé par des tableaux (tout cela pour arriver à une valeur entre 15 ou 65W environ)
Auxiliaires de chauffage
Caux_ch=Caux_gen_ch+C_aux_dist_ch
Auxiliaires d'ECS
Caux_ecs=Caux_gen_ecs+Caux_dist_ecs
La description précise du calcul demande 5 pages
Les formules données surestimaient la consommation des auxiliaires d'ECS dans le cas des systèmes bouclés des réseaux collectifs, ceci a été rectifié en octobre.
Consommation d'éclairage (nouveau paragraphe par rapport à 2012)
On calcule une consommation par mois
Ceclj= Pecl*Nhj/ 1111
où
Pecl puissance conventionnelle 1,4 W/m²
Nhj nombre d'heures de fonctionnement de l'écaliarge par mois suivant zone climatique.
Calcul des consommations en énergie primaire
Idem que 2012 (+ Cecli + Caux)
Le coefficient d'énergie primaire pour l'électricité passe de 2,58-à 2,3, ce qui favorise ... les radiateurs électriques
Calcul des émissions de CO2
Idem que 2012
L'impact CO2 du chauffage électrique passe de 210 à 79 gCO2/kWh.
Conclusion
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L'APUR donnait dans sa fiche descriptive des immeubles des U des parois des immeubles anciens variant de 1,85 à 2,26 mais la valeur par défaut des logiciels du DPE est de 2,5, ce que tous les diagnostiqueurs appliquent.. Notez que sur le plan thermique, les pires immeubles sont ceux construits entre 1940 et 1975. Le taux de vitrage est de 30% pour les immeubles anciens et passe à 50% pour les immeubles entre 1940 et 1975, ce qui est bien sur mauvais s'il s'agit de simple vitrage. La conclusion logique aurait été qu'il fallait porter l'effort sur les immeubles 1940-1975 qui ont en plus l'avantage pour la plupart de façades béton faciles à isoler |
En 1974 on a développé un modèle très simple, que l'on pouvait calculer "à la main", on l'a ensuite "perfectionné". Ceci a amené une accumulation de strates avec des distinguos subtils et une cohérence chancelante. Le "mieux est l'ennemi du bien", ce proverbe me semble s'appliquer au monstre que me semble devenu la méthode 3CL du DPE.
Ceci est d'autant plus étrange que l'on a développé parallèlement des modèles dynamiques de bâtiment (STD) qui en 1974 demandaient les ressources d'un gros ordinateur mais qui aujourd'hui se contentent du plus modeste PC et qui , si on ne s'acharne pas à couper les cheveux en quatre comme aujourd'hui, pourraient fournir un modèle plus satisfaisant.
Merci de me signaler les erreurs de ce texte.