![]() |
Philips LDK 33. Notez les 3 plumbicons qui dépassent du boitier et le lourd dorsal |
Les années 70 sont celles de l'adoption de l'enregistrement hélicoïdal et de la caméra légère pour les nouveaux programmes en couleurs.
L’effacement des fabricants américains dans cette période mériterait une étude; il commence d'abord par la délivrance de licences, et se termine par la perte de la définition des standards qui conditionnent tout nouveau produit.
La domination japonaise s'installe, d'abord pour la fabrication et ensuite pour la conception.
A la fin des années 70 les américains ont toujours des positions fortes dans les matériels de studio mais ont abandonné aux japonais tout le matériel " léger" destiné au journalisme électronique "ENG" ( Electronic news gathering) .
Grâce à la protection du SECAM, Thomson CSF se maintient dans le domaine des caméras de studio.
Le magnétoscope 2 pouces va tout d'abord sortir du studio.
On tente la dramatique mono caméra en 1972 avec" les personnages" et "le soir de la Toussaint" avec une caméra légére LDK 13 Philips (5,5kg + unité dorsale 9kg, 3 plumbicons 5/8 ") et un VR 3000.
L'ORTF équipera une ID d'un VR1500, puis ce sera vers 1973 un car bi caméra avec magnétoscope, la formule a assez peu de succès pour les reportages et les dramatiques en extérieur et il n'y aura que 3 cars en 1976.
Ampex développe dès 65 un magnétoscope à enregistrement hélicoïdal sur bande 1 pouce fomat A : le VP 4500.
Le standard 1" s’impose dans le domaine de la télévision en circuit fermé.
La qualité suffisante pour la diffusion sera atteinte en 1976 avec deux formats différents: le format B, dit segmenté ( 1 trame pour 6 pistes) , le format C, dit non segmenté (1 trame sur une piste)
Le format B est introduit par les magnétoscopes Bosch BCN et aura du succès en Europe
Le format C, utilisé aux USA et au Japon, à l'avantage d'offrir naturellement des possibilités de ralenti sans mémoire de trame.
Pour le format B le tambour porte deux têtes en contact successivement avec la bande sur 180°, la longueur de piste est de 84 mm, la luminance est enregistrée en modulation de fréquence ( tops synchro 6,76 MHz , effacement 7,40 MHz ,blanc 8,9 MHz ) et la sous porteuse chrominance l'est directement. Il y a 3 pistes audio pour le son stéréo et le montage ( cue trackl)
Dans le type C la bande est complètement enroulée sur le tambour qui n'a qu'une tête enregistrant une piste de 410 mm ( la tête unique forme un angle de 2°3 avec la bande alors que l'angle était de 14° pour les deux têtes le type B) , les fréquences sont un peu plus élevées (7 Mhz, 7,9MHz, 10MHz)
Ce format est le premier utilisant des cassettes, la bande défile à 9,5 cm/s devant un tambour portant 2 têtes défilant à 15m/s et enregistrant des pistes hélicoïdales.
Le VO 1600 Sony , en 1971, est le premier magnétoscope U-Matic.
En Europe il faudra attendre 1978 et une version améliorée: le U-matic H ou BVU ( broadcast video U-matic) pour que le format soit adopté en production pour les reportages.
La cassette de reportage permettait 20 mn d'enregistrement, au montage en studio on utilisait des cassettes de 60mn.
La piste video est de 171 mm de long avec une piste de contrôle et deux pistes audio, les fréquences du U-Matic sont (3,8, 4,3, 5,4) sous porteuse chrominance transposée à 700 KHz, et pour le BVU ( 4,8, 5,3, 6,4) chrominance 900KHz
Sony introduit en 1974 le VO3800, le premier magnétoscope U-Matic portable qui sera utilisé en reportage avec des caméras RCA TK-76 ou des Ikegami HL-77 (1972)
Antenne 2 s'équipe en 1975 de microcams et enregistre en 1 pouce BVU . La première émission concerne le volcan de la soufrière avec une caméra Ikegami HL-33.
Thomson rachète les laboratoires de CBS à Stamford qui concoivent en 1976 une microcan en deux parties: la MK2, avec 3 tubes plumbicon 2/3". C'est potentiellement une solution très novatrice mais la réalisation pratique est très mauvaise car la tête est déséquilibrée et le câble de liaison entre les deux parties trop fragile.
Plutôt que de reprendre la réalisation, Thomson vend la licence à Sony qui réalise une caméra monobloc, la TV 1601 ( Sony BVP 300), suivie en 1979 de la TV 1603 ( Sony BVP 330)
Le journalisme électronique "ENG" ( Electronic news gathering) va se développer. Il faut tout de même au journaliste un cameraman et si possible un preneur de son.
Parallelement on développe la production de dramatique avec une seule caméra et un magnétoscope. En France on enregistre "Offenbach" en 79 avec une caméra IVC 7000, un magnétoscope portable BCN 20, deux moniteurs, un couleur l'autre noir et blanc et une équipe de deux techniciens vidéo avec le réalisateur
Dans les années 80 le 1/2 pouce permettra l'ultime révolution: le caméscope ( l'intégration de la caméra et du magnétoscope),avec lequel le journaliste pourra opérer seul.
En 82 apparaîtra le Betacam mais cela est une autre histoire
Le montage
![]() |
RA 4000 |
A la fin des annnées 60 on utilise le système électronique EDITEC Ampex avec des magnétoscopes VR 2000.qui ne commande que la machine enregistreuse mais permet de "simuler" le montage Le principe du système est d'utiliser une piste supplémentaire (cue channel) sur laquelle on pose des marqueurs pour l'édition.
Le problème du repérage des trames est résolu par l'adoption du code SMPTE à 80 bits contenant les indications de temps, de synchronisation et 32 bits utilisateur.
IVC introduit en 1972 le premier système demontage simple: il ne comporte que 6 boutons ( avec VTR 900)
On voit apparaître des éditeurs multi-machines pour les quadruplexs: le RA 4000 Ampex ( avec des magnétoscopes AVR-1), l'AE-600 RCA avec des magnétoscopes TR-600A. Ces matériels sont généralement importés par Thomson-CSF
Petit à petit l'informatique et la digitalisation vont s'immiscer dans le montage.
Ce sera d'abord des correcteurs de base de temps qui digitalisent et mettent en mémoire quelques lignes (DTCB digital time base corrector) ce qui permet de gommer les défauts de vitesse de bande.
On a ensuite vers 1977 des correcteurs numériques d'images.
L'EDM-1 d'Ampex sera le premier éditeur piloté par ordinateur (avec des AVR-3), on aura ensuite toute une série de machines principalement commandées par des PDP 11 digital.
La post production légère "offline " va se développer. Le réalisateur est seul avec le monteur et il choisit parmi les rushes U-Matic pour obtenir une bande montée 1".
L'enregistrement hélicoïdal
![]() |
Ampex VPR-3 1" format C jamais utilisé en Europe |
![]() |
Bosch BCN 52 1" format B. Notez la différence de taille du tambour avec l'Ampex |
Dès les tout premiers essais d'Ampex dans les années 50 on trouve des tentatives d'enregistrement hélicoïdal qui furent abandonnées au profit du tambour transversal à 4 têtes.
Pour l'enregistrement hélicoïdal on a le choix entre deux dispositions: enrouler complètement la bande sur le tambour ( Alpha wrap, 1" format A et C), ou mettre la bande en contact avec le tambour sur 180° ou 190° (Omega wrap, 1" format B et U-Matic). La première disposition permet de n'utiliser qu'une tête alors que la seconde exige deux têtes.
Si une piste contient une trame complète cela évite le problème de recomposition de trames qui se posait avec le quadruplex et permet d'obtenir facilement ralenti et arrêt sur image. Notez cependant que l’arrêt sur image ne reproduit qu'une trame sur les deux constituant à une image complète et présente donc une qualité inférieure.
Une piste "longue" pose des problèmes de suivi de piste qui seront résolus en montant la tête sur une céramique piézoélectrique asservie ( option AST ( automatic scan tracking) sur Ampex VPR 1)
L'autre problème de la piste longue "mono-tête" est qu'il existe forcément une discontinuité dans le signal vidéo quand la tête passe à une nouvelle piste. Sony proposera un système "une tête et demie" avec une tête auxiliaire placée quelques degrés derrière la tête principale permettant d'avoir un signal vidéo continu.
Une piste "courte" implique un petit tambour. Le tambour du format 1" format B tourne 3 fois plus vite que celui du format C ( 150 t/S contre 50 t/S) et est de diamètre 3 fois moins grand.
L'enregistrement se fait par la même méthode ( modulation FM) que sur les quadruplex.
Comme sur le quadruplex des têtes auxiliaires "ordinaires" permettent l’enregistrement d'une piste de contrôle permettant l’asservissement précis en vitesse et du son.
Certains magnétoscopes avaient cependant deux têtes d'effacement supplémentaires montées en avant des têtes d'enregistrement sur le tambour même ( Sony AV8650, Panasonic NV 3160 ), d'autres avaient des têtes de monitoring permettant de vérifier l'enregistrement.
La présence de deux têtes va permettre de réduire l'intervalle entre deux pistes en utilisant des azimuts différents ( d'inclinaison différentes). Chaque tête ne peut ainsi relire que la piste qu'elle a enregistré.
Les magnétoscopes de faible bande passante utilisèrent la transposition de la sous porteuse couleur à une fréquence inférieure à 1 MHz ( color-under system, cas NTSC: 3,56MHZ-> 867KHz) ).En NTSC et en PAL cela ne pouvait se faire que par hétérodynage , mais en SECAM il suffisait d'utiliser un diviseur de fréquence par 4 car les 2 SP sont modulées en fréquence. Presque tous les magnétoscopes furent cependant PAL et NTSC avec une "verrue" SECAM.
A coté des machines 1 pouce et 3/4 pouces il existera des machines de studio 2 pouces à enregistrement hélicoïdal tel l'IVC 9000. C'était une superbe machine ( parait t-il) avec 2 colonnes à vide pour assurer la stabilité de défilement et l'enregistrement de la piste de contrôle par des têtes sur le tambour afin de prévenir tout décalage.
Le nec plus ultra du matériel 2" à enregistrement transversal fut l'AVR 3 d'Ampex SHBP (Super high band pilot) fonctionnant à 19cm/s et à 9,8 cm/S avec une excellente qualité d'image.
Sites et références
- The history of television. A. Abramson.
- Les techniques de production. J Bourdon
- L'age d'or de la télévision. J J Ledos
- 40 ans de caméras Thomson
- Camera Museum
- Code SMTPE 80 bits